Les scriptes
La
famille des typographies SCRIPTES est pour la première fois référencée
dans la classification VOX-Atypi de 1962. Cette classification qui
regroupe les typographies par critères GRAPHIQUES rapproche les
INSCISES, les MANUAIRES et les SCRIPTES en une famille d’inspiration
CALLIGRAPHIQUE. Jusqu’au XXe siècle, les scriptes restent strictement
CALLIGRAPHIQUES. Avec le développement de la publicité, elles deviennent
«personnalisées». Les scriptes personnalisées imitent l’écriture
cursive mais privilégient des graphies inédites, fantaisistes. Les
scriptes les plus courantes sont:
- les Ariston (Martin Wilke)
- Mistral (R. Excoffon)
- Rondo (Schlesinger et Dooijes)
- Trafton (H.A. Trafton)
Dans cette famille de caractère type « fantaisie», les scriptes tiennent une place à part.
Résolument
inspirée de L’ÉCRITURE MANUELLE, les scriptes gardent une humanité
perceptible même si la police est traité de façon informatique. Elles
comptent parmis les plus belles polices qui soient, mais perdent en
LISIBILITÉ ce qu’elles gagnent en VISIBILITÉ.
Elles sont donc à privilégier pour des lettrines ou des titres, conférant une forte valeur PLASTIQUE au mot.
Parce qu’elles reproduisaient et imitaient l’écriture calligraphiée,
les scriptes étaient de rigueur pour les faire-part de mariage, de
naissance, d’anniversaire et pour les diplômes. Toute annonce ou
invitation se devait d’être composée en caractères scriptes ornementés,
tout comme les cartes professionnelles, les cartes de visites, les
en-têtes de factures, les ordonnances, les traites bancaires et les
certificats,... Les étiquettes de produits et les emballages étaient eux
aussi soumis à ce traitement. Synonyme de bienséance et d’autorité, les
scriptes exprimaient également un certain statut et une esthétique
bourgeoise. Elles représentaient la classe, le luxe, le chic. On les a
beaucoup vu également dans les magazines féminins parce qu’elles
donnaient aux textes un air délicat, sensuel, elles séduisaient les
femmes.
Mais quand elles ont commencé à devenir plus abordable, elles perdirent en classe et gagnèrent en banalité.
Les
scriptes n’avaient pas, néanmoins, pour seul but de répondre aux
besoins et aux protocoles de la haute société. La majorité des
entreprises en avaient fait leur fonte de prédilection. Elles étaient
utilisées en lettrage principal ou secondaire dans de très nombreux
logos et noms de marques. La plupart des scriptes destinées à un logos
sont créés sur mesure. Elles furent également contemporaines du
phénomène Art Déco.
Les
lettres cursives demeures personnelles. Il n’existe pas un seul
calligraphe ou une seule personne qui écrit de la même manière. C’est ce
qui permet aux scriptes de posséder une hétérogénéité et d’avoir une
multitude de choix au sein de leur famille. Bien qu’elles aient connues
leur âge d’or au XIXème, puis après avoir été longtemps dite « ringardes
» elles semblent à nouveau aujourd’hui revenir à la mode.
FF Erikrighthand & FF Just Left Hand
Ces typographies sont nées de l’expérience qu'ont réalisés Erik van Blokland et Just van Rossum.
Ils ont étudiés à la même école (Académie
royal des Beaux-Arts de la Haye) et ont eu comme professeur Gerrit
Noordzij*, maître calligraphe et créateur de caractères. Noordzij estime
que les lettres manuscrites sont à l’origine de toute typographie. Donc,
il était une étape naturelle pour van Blokland et van Rossum de prendre
le stylo pour obtenir des polices typographiques sonores de leur propre
écriture.
Pour créer cette police ils ont d’abord écrit un alphabet
avec un gros feutre pour Erik van Blokland et un plus fin pour Just van Rossum, qu’ils ont ensuite numérisé et retravailler avec
Photoshop 2, adobe streamline, et fontographer. Cette manière de
travailler les amuse énormément parce qu’elle permet aux utilisateurs de
se livrer à l’ironie de taper une lettre sur un clavier pour avoir une
lettre dessinée à la main.
En 2010, elles ont
été
rééditées au format OpenType.Le caractère a été lissé, du moins lui
a-t-on enlevé toutes les petites imperfections dues au marqueur.
L’approche entre les lettres, les ligatures ont été retravaillées et la
typographie a été adapté pour différente langue.
Le
prix Gerrit Noordzij récompense un typographe tous les trois ans pour
l’ensemble de son travail. Remis par la Royal Academy of Art de La Haye
et le musée Meermanno, il a été décerné cette année au graphiste et
typographe néerlandais Karel Martens qui succède ainsi à Wim Crouwel.