dimanche 20 janvier 2013

Les scriptes

         La famille des typographies SCRIPTES est pour la première fois référencée dans la classification VOX-Atypi de 1962. Cette classification qui regroupe les typographies par critères GRAPHIQUES rapproche les INSCISES, les MANUAIRES et les SCRIPTES en une famille d’inspiration CALLIGRAPHIQUE. Jusqu’au XXe siècle, les scriptes restent strictement CALLIGRAPHIQUES. Avec le développement de la publicité, elles deviennent «personnalisées». Les scriptes personnalisées imitent l’écriture cursive mais privilégient des graphies inédites, fantaisistes. Les scriptes les plus courantes sont:
  • les Ariston (Martin Wilke)
  • Mistral (R. Excoffon)
  • Rondo (Schlesinger et Dooijes)
  • Trafton (H.A. Trafton)
         Dans cette famille de caractère type « fantaisie», les scriptes tiennent une place à part.
Résolument inspirée de L’ÉCRITURE MANUELLE, les scriptes gardent une humanité perceptible même si la police est traité de façon informatique. Elles comptent parmis les plus belles polices qui soient, mais perdent en LISIBILITÉ ce qu’elles gagnent en VISIBILITÉ.
Elles sont donc à privilégier pour des lettrines ou des titres, conférant une forte valeur PLASTIQUE au mot.


         Parce qu’elles reproduisaient et imitaient l’écriture calligraphiée, les scriptes étaient de rigueur pour les faire-part de mariage, de naissance, d’anniversaire et pour les diplômes. Toute annonce ou invitation se devait d’être composée en caractères scriptes ornementés, tout comme les cartes professionnelles, les cartes de visites, les en-têtes de factures, les ordonnances, les traites bancaires et les certificats,... Les étiquettes de produits et les emballages étaient eux aussi soumis à ce traitement. Synonyme de bienséance et d’autorité, les scriptes exprimaient également un certain statut et une esthétique bourgeoise. Elles représentaient la classe, le luxe, le chic. On les a beaucoup vu également dans les magazines féminins parce qu’elles donnaient aux textes un air délicat, sensuel, elles séduisaient les femmes.
Mais quand elles ont commencé à devenir plus abordable, elles perdirent en classe et gagnèrent en banalité.













Les scriptes n’avaient pas, néanmoins, pour seul but de répondre aux besoins et aux protocoles de la haute société. La majorité des entreprises en avaient fait leur fonte de prédilection. Elles étaient utilisées en lettrage principal ou secondaire dans de très nombreux logos et noms de marques. La plupart des scriptes destinées à un logos sont créés sur mesure. Elles furent également contemporaines du phénomène Art Déco.
Les lettres cursives demeures personnelles. Il n’existe pas un seul calligraphe ou une seule personne qui écrit de la même manière. C’est ce qui permet aux scriptes de posséder une hétérogénéité et d’avoir une multitude de choix au sein de leur famille. Bien qu’elles aient connues leur âge d’or au XIXème, puis après avoir été longtemps dite « ringardes » elles semblent à nouveau aujourd’hui revenir à la mode. 


FF Erikrighthand & FF Just Left Hand

 Date: 1990

          Ces  typographies sont nées de l’expérience qu'ont réalisés Erik van Blokland et Just van Rossum.
Ils ont étudiés à la même école (Académie royal des Beaux-Arts de la Haye) et ont eu comme professeur Gerrit Noordzij*, maître calligraphe et créateur de caractères. Noordzij estime que les lettres manuscrites sont à l’origine de toute typographie. Donc, il était une étape naturelle pour van Blokland et van Rossum de prendre le stylo pour obtenir des polices typographiques sonores de leur propre écriture.
Pour créer cette police ils ont d’abord écrit un alphabet avec un gros feutre pour Erik van Blokland et un plus fin pour Just van Rossum, qu’ils ont ensuite numérisé et retravailler avec Photoshop 2, adobe streamline, et fontographer. Cette manière de travailler les amuse énormément parce qu’elle permet aux utilisateurs de se livrer à l’ironie de taper une lettre sur un clavier pour avoir une lettre dessinée à la main.
En 2010, elles ont été rééditées au format OpenType.Le caractère a été lissé, du moins lui a-t-on enlevé toutes les petites imperfections dues au marqueur. L’approche entre les lettres, les ligatures ont été retravaillées et la typographie a été adapté pour différente langue.
Le prix Gerrit Noordzij récompense un typographe tous les trois ans pour l’ensemble de son travail. Remis par la Royal Academy of Art de La Haye et le musée Meermanno, il a été décerné cette année au graphiste et typographe néerlandais Karel Martens qui succède ainsi à Wim Crouwel. 


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